À l’issue du Conseil européen du 18 octobre, et alors que la Turquie
venait de lancer une offensive contre les milices kurdes syriennes [YPG] après
le recul des troupes américaines déployées dans le nord-est de la Syrie, le
président Macron s’était interrogé sur le fonctionnement de l’Otan. « Ce
que nous vivons actuellement, c’est la mort cérébrale de l’Otan » a en
effet lâché M. Macron. Et à la question de savoir s’il croyait encore à la
clause de défense collective que prévoit l’article 5 du Traité de
l’Atlantique-Nord, il a répondu : « Je ne sais pas. » Et d’ajouter :
« Mais que signifiera l’article 5 demain? ». Pour M.
Macron, il est temps que « l’Europe se réveille » car elle se
« trouve au bord du précipice. » Aussi, estime-t-il, elle « doit
commencer à se penser stratégiquement en tant que puissance géopolitique »
car sinon, nous ne « contrôlerons plus notre destin ». À noter que,
en août 2018, le président français avait proposé d’instaurer une « clause
de défense collective européenne » en modifiant l’article 42-7 du Traité
sur l’Union européenne.
Il
faut « clarifier maintenant quelles sont les finalités stratégiques de
l’Otan », a aussi affirmé le président Macron, tout en plaidant pour
« muscler » l’Europe de la défense. « Le président Trump […]
pose la question de l’Otan comme un projet commercial. Selon lui c’est un
projet où les États-Unis assurent une forme d’ombrelle géopolitique, mais en
contrepartie, il faut qu’il y ait une exclusivité commerciale, c’est un motif
pour acheter américain. La France n’a pas signé pour ça », a encore lancé
le président français, qui note que l’Europe fait maintenant face pour la
première fois un chef de la Maison Blanche qui « ne partage pas notre idée
du projet européen ».
À l’heure où
le Vieux Continent est confronté « à la montée en puissance de la Chine
ainsi qu’au virage autoritaire de la Russie et de la Turquie. » Et sans
oublier le Brexit, qui contribue à fragiliser l’Union européenne. Un tel
mélange toxique était « impensable il y a cinq ans », a dit M.
Macron.
Et cette situation rend d’autant
plus « essentiel d’une part, l’Europe de la défense – une Europe qui doit
se doter d’une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. Et
d’autre part, rouvrir un dialogue stratégique, sans naïveté aucune et qui
prendra du temps, avec la Russie »
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