mardi 18 septembre 2012

Quel accueil pour Stiglitz?


Quel accueil pour Stiglitz?
03 septembre 2012 Par Frédérick Stambach
Le livre à paraître le 5 septembre 2012 de Joseph E.Stiglitz (prix de la banque de Suède 2001), Le prix de l'inégalité aux éditions Les Liens qui Libèrent
s'annonce stupéfiant.
Marianne en publie cette semaine des extraits. Les argument développés rappellent étrangement ceux défendus par les altermondialistes depuis le début des années 2000 et, plus proche de nous, ceux du Front de gauche en 2012,
 tous censés être ridicules.
Stiglitz, prix Nobel d’économie, serait-il lui aussi un stalinien ou un hippie?
Ces « gens-là » n'ont jamais renoncé.
 Utilisant désormais les leviers financiers,
une caste confisque les fruits des efforts de tous,
 collectivisant les pertes et privatisant les bénéfices,
ils ont simplement changé d'échelle. 

 Elle est désormais planétaire. Et ils se gavent.
 Face à cela, la gauche, qui n'a rien appris  

en plus de cent ans. Rien

Ni sur le fond, ni sur les méthodes,

 encore moins sur la nécessité de la morale dans l'action.

Danielle Mitterrand

Pour patienter d'ici la sortie du livre, les arguments de Stiglitz publiés dans Marianne sont les suivants:
- la démocratie est incompatible avec la mondialisation dans sa forme actuelle principalement à cause de la liberté totale de circulation des capitaux, qui ne favorisent pas la croissance mais provoque instabilité et inégalité, et de la concurrence mondialisée permettant aux détenteurs de capitaux d'effectuer un chantage insupportable sur les gouvernements élus.
- l'OMC (qu'il qualifie de diktat) mine l'autodétermination des pays et la démocratie
- Les 1% les plus riches manipulent l'opinion pour orienter les politiques vers leurs intérêts bien compris

Il va même jusqu'à écrire "les sociétés financières de Londres ont réagi à un projet de régulation de leurs bonus en menaçant de quitter le pays. Dans ces cas-là on pourrait dire : bon débarras! Le coût pour la société des excès du secteur financier dépasse de très loin les quelques emplois qu'il crée. Les spéculateurs s'en iront ; mais les sociétés qui effectuent les activités financières importantes - celles qui prêtent aux entreprises locales - resteront. Elles doivent être sur place."
C'est exactement ce que dit JL Mélenchon (1).
Stiglitz semble estimer que les américains sont trop optimistes devant la situation réelle de leur pays. Je rappelle que les français au contraire sont les champions du pessimisme, peut-être parce que justement nous avons une conscience plus nette des inégalités insupportables, de leur origine et de leur rôle. Les dominants nous expliquent d'ailleurs régulièrement à quel point il est dommageable pour l'économie que les français "détestent" les riches, contrairement aux anglo-saxons qui les "adorent", car ils auraient "compris" à quel point cela est nécessaire à leur bonheur. Stiglitz ne semble pas de cet avis.
Il est vrai que cela doit être bien inconvenant de devoir se justifier devant ce peuple si stupide et si vulgaire, qui va jusqu'à montrer du doigt ces inégalités, quelle injustice. Le peuple ne devrait-il pas être heureux avec tous les divertissements qu'on lui propose?
Les dominants essayeront-ils de ridiculiser Stiglitz de la même manière que Mélenchon, lorsque l'économiste défend des idées identiques?
Il sera en tout cas difficile d'utiliser l'anti-communisme avec l'ancien économiste en chef de la banque mondiale.


 Pour lui, «la globalisation circonscrit la démocratie à travers la compétition» entre les systèmes fiscaux que promeuvent notamment les multinationales, qui n’hésitent pas à recourir au chantage. Et à ceux qui disent que la globalisation ne nous donne pas de choix, Joseph Stiglitz soutient que c’est le cadre politique que nous avons donné à la globalisation qui ne nous donne pas de choix. 

Et par conséquent, la globalisation pousse le niveau de certains impôts vers le bas, ce qui ne permet pas non plus d’en financer les conséquences sociales. Si la mondialisation a permis beaucoup de progrès dans les pays en voie de développement cela se fait au détriment des classes populaires et moyennes des pays dits développés. Il rappelle que les pays qui parviennent à la plus forte croissance (Japon avant-hier, Corée hier, Chine aujourd’hui) et les pays avec les plus hauts niveaux de vie (pays scandinaves) ont tous en commun d’avoir des Etats assez forts et présents. 

Stiglitz adopte une démarche pragmatique pour la dépense publique. Il est favorable à son augmentation pendant les récessions mais pas autrement «quand l’économie est au plein emploi, davantage de dépenses publiques n’augmentera pas le PIB. Elle évincera d’autres dépenses». Mais il rappelle aussi que la libéralisation n’est pas forcément plus efficace comme le montre l’état du système de santé. Enfin, il souligne « qu’Il est curieux qu’à une époque où le chômage est si élevé, les supermarchés remplacent les caissiers par des caisses automatiques ».

Après avoir dénoncé la montée des inégalités et décortiqué les mécanismes qui sont en œuvre, et notamment la mondialisation des échanges, Joseph Stiglitz se penche sur les conséquences de ces inégalités sur notre système démocratique

 A suivre...

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