mercredi 28 mai 2014

« Les Français ont la mémoire courte » ( Philippe Pétain).

Le rapport qu'entretient Jean-François Copé à l'argent apparaît au grand jour en septembre 2007, bien avant que soient révélés ses liens avec Ziad Takieddine, devenu millionnaire grâce aux ventes d'armes du gouvernement Balladur, avait longtemps dissimulé sa fortune au fisc français, le député et maire de Meaux avait même juré n'avoir « jamais eu connaissance de sa situation fiscale ». À la question : « Est-ce que vous trouvez normal qu'une personne qui vit en France, et dispose d'une fortune de 40 millions d'euros, ne paye pas d'impôts ? », il avait répondu : « La question, vous ne la posez pas dans les meilleures termes. Il y a une administration qui est là pour le vérifier (.). Je n'ai pas de raisons de mettre en cause le travail de l'administration fiscale. ». Ministre du budget, il ne pouvait être au fait du travail quotidien de son administration.                                         Président de l'UMP, il ne peut pas être « au fait de la gestion quotidienne » du parti « dans sa dimension comptable ». C'est du moins ce qu'il a expliqué après les nouvelles révélations de Libération concernant les 18 millions d'euros empochés par Bygmalion au cours du premier semestre 2012 pour l'organisation de 70 conventions dont personne ne se souvient. Une fois de plus : les mêmes mots, la même ligne de défense.

Dominique Dord (En 2012, le trésorier du parti). Le trésorier qui trouvait les chèques « élevés » explique ne pas avoir eu les moyens de contrôle  « Je rappelle simplement que le trésorier à l’UMP n’est ni celui qui décide, ni celui qui valide une dépense. Le trésorier n’arrive qu’en bout de chaîne pour régler les factures des prestations certifiées réalisées. » Exemple : Six journées de formations facturées plus de 100.000 euros au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur en 2011, révèle un mail interne consulté par "Le Parisien". Parmi les formateurs figure Guillaume Peltier, vice-président de l'UMP. Ce responsable de la "droite forte" dispensait plusieurs séances, dont la plus chère, sur le "développement économique", facturée 21.120 euros. Sur cette somme, 70% environ seraient revenus à COM+1, la société de conseil dirigée par l'élu. "21.120 euros la journée, il faut être sérieux", dénonce le président d'une société agréée par le ministère de l'Intérieur, toujours interrogé par le quotidien. Une société similaire offrirait des prestations comparables pour une fourchette allant de 4.500 à 6.000 euros. 

L'ancien ministre du budget a été élu président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Alors qu'il détient la haute main sur le travail de toutes les commissions parlementaires, il est recruté comme avocat au sein du cabinet d'affaires Gide-Loyrette Nouel, qui a notamment conseillé l'État pour la fusion GDF Suez. Ce temps partiel - rémunéré 20 000 euros par mois - crée des remous au Palais-Bourbon. Le spectre du conflit d'intérêts n'est pas loin. « Ça ne me gêne pas qu'il gagne du pognon, mais je trouve ça moyen, se souvient le député UMP Benoist Apparu dans le livre Copé l'homme pressé. Aujourd'hui l'opinion demande que les parlementaires soient irréprochables. Or ce débat autour du recrutement de Copé chez Gide nourrit l'antiparlementarisme. ». De nouveau au cour d'une polémique qui ne tarde pas à s'emballer. Pour éteindre l'incendie, il assure à qui veut l'entendre que son « activité d'avocat ne concernera en aucun cas ni l'État, ni les dossiers (qu'il a) pu traiter en tant que ministre ». Des promesses non tenues Copé-l'avocat a bien utilisé sa casquette de Copé-chef de file des députés UMP pour enterrer un projet de loi qui déplaisait à son cabinet. Il est encore président du groupe UMP à l'Assemblée nationale lorsque deux de ses anciens collaborateurs, Guy Alvès et Bastien Millot, créent la fameuse société Bygmalion en 2008. Le député et maire de Meaux avait déjà fait travailler les deux hommes pour le compte de son micro-parti Génération France, créé à l'automne 2006 et dont Guy Alves fut trésorier au moins jusqu'en 2007. Tandis que les finances de l'UMP s'enfoncent dans le rouge, Génération France bat des records de dons, passés de 116 065 euros en 2008 à 428 731 euros en 2010. Dans le même temps, les dépenses en« propagande et communication » du micro-parti de Copé chutent littéralement. Après la découverte du système Bygmalion, les fillonistes regardent d'un oil nouveau les moyens considérables mis en place à l'époque par l'équipe du patron de l'opposition pour qu'il puisse garder son siège. Certains analysent différemment aussi le silence de Nicolas Sarkozy dans un moment où la droite menaçait d'imploser. Ils se demandent quel secret pouvait nécessiter qu'autant d'efforts soient déployés. Et se rejouent une scène survenue mi-octobre 2012 dans les bureaux parisiens de l'ancien chef d'État, où Jérôme Lavrilleux fut décoré de l'insigne de l'ordre national du mérite des mains mêmes de Sarkozy.                    La guerre pour la présidence de l'UMP a lourdement affaibli Jean-François Copé. Mais elle ne l'a pas achevé. Le député et maire de Meaux était alors entouré de sa garde rapprochée. Celle-là même qui lui cause aujourd'hui de nouvelles difficultés et dont il va être contraint de se séparer. Car c'est peut-être là, la seule différence entre l'affaire Bygmalion et toutes les autres polémiques que Copé a pu traverser sans jamais être inquiété. Pour la première fois depuis dix ans, il se retrouve tout seul.                                                                                            Combien de gens se souviennent-ils  encore qu’ Alain Juppé a été condamné, le 30 janvier 2004, par le tribunal correctionnel de Nanterre à dix-huit mois de prison avec sursis et à une peine de dix ans d’inéligibilité, peine ramenée en appel le 1er décembre 2004  à quatorze mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité, pour « abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, et prise illégale d’intérêt » pour des faits commis en tant que secrétaire général du Rassemblement pour la République et maire adjoint de Paris aux finances ?
 En matière de contournement des législations sur le financement des partis et des campagnes électorales, on peut faire confiance à tous les partis pour rivaliser d’ingéniosité: fausses factures , surfacturations de conférences internes , commissions occultes,  micro-partis , etc.  On regrette parfois de ne pas voir autant d’inventivité et d'imagination consacrées, lorsqu’ils sont au pouvoir,  aux finances du pays plutôt qu'à celles de leur parti.
En réalité, en France les « affaires », qu’il s’agisse de soupçons, de mises en examen ou de condamnations définitives, n’ont jamais entravé que de façon très transitoire la carrière d’un homme politique 



« Bon appétit, messieurs !

Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici
pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !

.../...

l'Europe, hélas ! Écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Victor Hugo "Ruy Blass"


La droite modérée ? Elle est mouillée jusqu’au cou. Tant de ministère de l’identité nationale, tant de viande hallal, tant de pains au chocolat, tant de fausses factures, pour en arriver là ! Depuis trente ans, la droite classique n’a pas produit une seule idée durable. Elle est passée de l’ultralibéralisme façon Reagan à la « fracture sociale » modèle Chirac, des grands ciseaux d’Alain Juppé, réducteur de déficits, au dentier de Sarkozy qui devait croquer la croissance. Handicapée par le Front national, cette droite n’a pas cessé de faire la danse du ventre, affirmant son rejet des Le Pen, mais pratiquant les rapprochements, les effleurements, et les caresses de Grenoble.
Quant aux socialistes, depuis mai 1981, ils ont tenu un discours dans l’opposition, qui invitait à changer le monde, puis un autre au pouvoir, en vertu des contraintes et des réalités. Mitterrand a tenu un an et demi avant d’entamer sa mue, Jospin presque trois ans, Hollande a cédé au bout d’un mois…
Le couple antinomique du PS et de l’UMP était usé jusqu’à la corde mais se perpétuait quand même, grâce au verrou des institutions, et à la peur de l’extrémisme. Le scrutin majoritaire étant ce qu’il est, cette alternance mécanique aurait pu durer mille ans. Il aurait fallu que les électeurs ne se lassent pas du Front républicain qui avait élu Chirac, pourtant complètement usé, avec 82 % des voix. Il aurait fallu que la France préfère l’imitation de Sarkozy à l’original de Marine Le Pen. Il aurait fallu que l’épouvantail Le Pen continue d’épouvanter la France.
Or tout s’est effondré, d’abord aux municipales, ensuite aux européennes. La règle de la Cinquième République, qui commandait que les victoires de l’un se bâtissent sur les défaites de l’autre, a cessé de fonctionner. Ce dimanche, le PS a lourdement perdu mais l’UMP a touché le fond. Le jeu à deux, « Nous ou le chaos », a laissé la place à un champ de ruines où Marine Le Pen peut s’écrier : « Moi seule puisque c’est le chaos »...
Tout est par terre. Le désastre saute aux yeux. La gravité du bilan devrait imposer d’en finir avec les arrangements, genre changement de premier ministre, les mesures de circonstance, style baisse des impôts improvisée par Manuel Valls, les conseils de guerre fumeux, comme ce séminaire à l’Élysée, ou les arrière-pensées dérisoires ou scandaleuses, telles ces dénonciations à l’UMP. Il ne s’agit plus du sort particulier des figurants, ou de leurs « petits » trafics, mais du destin de la République.
La Cinquième a eu son intérêt. Elle était un corset, imposé en 1958 par un politique immense, militaire de son état, pour libérer l’action publique, la débrancher du régime des partis et des « comités Théodule ».  Or voilà que ce verrou a isolé les responsables, les a coupés du réel, les a mis à l’abri des mouvements de la société, a posé une cloison étanche entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés.
Hollande ne peut plus dire qu’il a trois ans devant lui. Valls ne peut pas soutenir qu’il a besoin de temps. Les écologistes ne peuvent plus se demander s’ils sont dedans ou dehors. Mélenchon ne peut plus croire que les excommunications suffiront à rassembler.
Il est trop tard pour lancer, comme dimanche soir, des appels vers ce centre auquel on a tourné le dos pour s’accrocher à Sarkozy. Il va falloir tourner la page. Traiter pour de bon le scandale Copé. Et cesser de penser que le plongeon du PS servira d’issue de secours.           La Cinquième République est à terre, voire dans la gadoue. 
Il faut inventer la Sixième.





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