vendredi 7 février 2014

Orages désirés à droite et à gauche ! "Philippe Bilger"


Le Président de la République, qui a mis du temps, a reporté sine die le projet de loi sur la famille qui n'aurait pas traité de la GPA mais abordé la question délicate de la PMA. Ce n'est pas la peine de crier victoire sur un mode arrogant. Au contraire il convient de féliciter François Hollande qui pour une fois a préféré l'écoute d'une partie non socialiste du peuple à son totalitarisme subtil et mou. Tous les dangers ne sont pas écartés puisque les députés socialistes ulcérés par ce report vont remettre sur le chantier des éléments non négligeables contenus dans le texte renvoyé aux calendes grecques.
 La droite doit prendre garde aussi au fait de ne pas dénier la légitimité du président de la République. Certes il déçoit. Pour faire pièce à l'agitation de son prédécesseur, il s'est campé dans une attitude à la fois volontariste et apparemment plus sereine mais s'il a choisi la social-démocratie pour sa politique économique et financière, il va demeurer plus que jamais socialiste, pour le pire et pour compenser, sur tous les autres registres, notamment sociétaux, de sa mission. Ce n'est pas parce qu'il est tombé, et nous avec lui, dans le ridicule récemment qu'il faut oublier que le grand débat national aura lieu seulement en 2017. Jusque-là, l'opposition devra avoir de la tenue, vigoureuse si nécessaire, réceptive si besoin est mais en tout cas jamais sectaire au point de s'en prendre grossièrement et sur un mode grotesque à celui qui a été élu au mois de mai 2012.

« A quelques-uns l’arrogance

  tient lieu de grandeur ;

l’inhumanité de fermeté ;

et la fourberie, d’esprit. »

de Jean de La Bruyère

Elle devra d'autant plus se maîtriser et être intelligente que l'engagement fondamental de François Hollande d'être un président qui rassemble et unit a été clairement battu en brèche. François Hollande n'est plus qu'un homme qui parle de concorde. C'est trop peu.
La France doit résister à une double tentation contradictoire et perverse. A une double tempête.
Celle soufflée par la gauche pour discréditer, par avance, le combat de la droite contre ce qui menace subtilement ou ostensiblement.
Celle, en réaction, venue de la droite exaspérée par un suffrage universel qui en 2012, selon elle, s'est égaré.

Cette droite "revencharde" qui appelle à la démission du Président, n'hésite pas à monter aux créneaux pour critiquer l'action de la Garde des Sceaux dans son projet de mutation dans l'intérêt du service du Procureur Général Falletti.

 
Christiane Taubira n'a pas tort !


Il n'y a point encore de liberté
 

si la puissance de juger n'est pas séparée
 

de la puissance législative et de l'exécutrice.
 
Montesquieu (1689 - 1755)
Pour le procureur général Falletti, je persiste. Le procès enflé qui est intenté à la ministre n'a pas de sens.
Scandale d’état, faute politique, et quoi encore !
Les médias tombent tous dans le panneau de ce conformisme à l'exception de Franck Johannès qui, au milieu d'une idéologie compassionnelle et mécaniquement "progressiste", ne peut pas s'empêcher de voir juste (Le Monde, Le Parisien, Bd Voltaire).
Pour bien analyser, il aurait suffi de comparer le processus de mutation dans l'intérêt du service de Philippe Courroye, totalement justifié, et la péripétie relative au Procureur général de Paris.
Les pouvoirs précédents, de droite ou de gauche, avaient le plus rapidement possible remplacé à Paris procureur et procureur général par des hommes sûrs. C'est triste mais c'est comme cela.
La garde des Sceaux avait semble-t-il déjà évoqué le possible départ de François Falletti mais comme il l'avait refusé, on n'en avait plus parlé jusqu'à sa récente convocation à la Chancellerie. Elle a été plus fine que cela : elle a imprégné la Chancellerie de son dogmatisme mais pour le reste elle a été correcte.
Il est clair que la Directrice de cabinet et son adjointe qui l'ont accueilli ne brillent pas par l'intuition politique car il semble acquis qu'elles ont évoqué une incompatibilité idéologique avec un magistrat nommé en 2010 sous Nicolas Sarkozy et qui n'a jamais caché ses convictions aux antipodes de celles de la gauche. Il a fantasmé, c'est de bonne guerre, sur d'imaginaires menaces en alertant le CSM.
Il est évident qu'on désirait nommer au poste de procureur à Paris Robert Gelli qui a remis de l'ordre et de l'équité à Nanterre. Il fallait donc que l'actuel procureur François Molins devînt procureur général et François Falletti Premier avocat général à la Cour de cassation.
Ce dernier a refusé cette proposition. Il va donc demeurer procureur général mais de grâce qu'on ne parle plus de scandale d'Etat quand on songe à beaucoup de brutalités dans les nominations d'avant à Paris.
Je le redis : amateurisme, maladresse.
Etonnant comme la plupart des journalistes qui pendant vingt mois ont voué un culte absurde et aveuglé à Christiane Taubira l'accablent pour une séquence périphérique et dérisoire.
En l'occurrence elle n'a pas tort, elle me semble de bonne foi, la gauche a raison de la défendre pour cela et la droite a tant de matière pour dénigrer son bilan - je suis aimable ! Qu'elle ne devrait pas gaspiller ses cartouches intellectuelles et politiques pour si peu.

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