Une conférence de
presse, ou présumée telle,
pendant laquelle les
faits n'ont pas été justifiés
ni expliqués et
le "Ministry of
Truth" est entré en action...
Selon
Pierre Desproges pour celles et ceux qui n’avaient pas lu tout Sartre, il
suffisait de lire un seul numéro de Minute pour avoir à la fois La
Nausée et Les Mains Sales. De
la même manière, on peut dire que la pantalonnade de conférence de presse de
François Fillon, hier lundi 6 février 2017, aura permis un rappel de deux
ouvrages majeurs de l’universel George
Orwell, 1984 et Animal Farm. Ce qui caractérise le roman dystopique
1984 c’est, bien évidemment, la
dictature planétaire exercée par le personnage à la fois central et invisible, Big
Brother, aux dépens de tous les citoyens de Airstrip One
(ex-Grande-Bretagne), province de Oceania et, en particulier de Winston
Smith, qui travaille au Ministère de
la Vérité, où son travail consiste à altérer les faits historiques pour
qu’ils soient en harmonie avec les besoins du Parti, unique bien sûr.
François
Mitterand
L’autre
caractéristique de 1984 c’est le
langage, qui permet de déformer les faits et la vérité et de maintenir le
citoyen lambda dans un état de totale dépendance et, donc, d’ignorance.
Tout le monde, spécialistes et lecteurs de George Orwell ou pas, connaît la
trilogie oxymorique, War is Peace, Freedom is Slavery, Ignorance is Strength,
la guerre c’est la paix, la liberté
c’est l’esclavage et l’ignorance c’est la force.
Or à bien regarder
attentivement la conférence de presse surréaliste du candidat de la droite à
l’élection présidentielle, on a eu l’impression très nette d’être au cœur du
roman d’Orwell mais, surtout, du Newspeak, la novlangue. Les indemnités d’assistante parlementaire
de l’épouse de Fillon et de ses enfants ? Une cabale médiatique ! Mais…des
explications, des justifications ? Circulez et rapidement, sinon la thoughtcrime,
la police de la pensée, va venir s’occuper de vous, comme elle prend Winston
Smith et sa petite amie Julia en charge à la fin du roman pour leur montrer le
« droit chemin ». Du reste les groupies fillonesques et les
laquais de l’information — qui, depuis la tragique disparition de Paul Bismuth
du paysage, sentaient attristés qu’il n’y avait plus personne à l’autre bout de
la laisse…— se sont aussitôt extasiés devant le ton et le
« courage » de François Fillon, alors qu’il ne cesse de mentir et n’a
apporté aucune réponse satisfaisante de fond et que les électrices et les
électeurs ne savent toujours pas ce que Pénélope a bien pu faire, pendant
toutes ces années, pour mériter un salaire de cadre puisé dans les deniers
publics.
Deniers publics qui ont
été pillés mais que le candidat envisage « d’assainir » en faisant
travailler les fonctionnaires 39 heures payées 37 ! Et comme le ridicule et
l’indécence ne tuent toujours pas, le même candidat a rendu un hommage vibrant
aux militaires et aux forces de l’ordre qui ont fait l’objet d’une agression au
musée du Louvre, alors qu’il envisage de supprimer 500.000 postes ! Rendra-t-il
hommage alors à des hologrammes, ce qui est très tendance ? Mais on ne discute pas avec le candidat de
la droite, pas plus que l’on s’aviserait de contester Big Brother.
D’ailleurs François
Fillon a poussé l’arrogance et le culot jusqu’à mettre en cause le parquet
financier,
transportant, cette fois, le spectateur dans l’univers d’Animal Farm.
Dans ce chef-d’œuvre d’imagination, les animaux mènent une révolution à Manor
Farm et, paradoxalement, trois cochons sont les meneurs, Snowball, Old
Major et Napoleon, qui, au fil du temps, va éliminer les deux autres
et toute forme d’opposition et prendre progressivement toutes les habitudes du
fermier, Mr. Jones, chassé par la force, jusqu’à boire son whisky et
marcher sur les deux pattes arrière. Dès le début de
la révolution, une constitution est élaborée en sept commandements : 1) Whatever goes upon two legs is an
enemy, 2) What ever goes upon four legs, or has wings is a friend,
3) No animal shall wear clothes, 4) No animal shall sleep in a bed,
5) No animal shall drink alcohol, 6) No animal shall kill any other
animal, 7) All animals are equal. C’est ce dernier point qu’affectionne Fillon,
puisqu’à la toute fin de l’intrigue (p-114) une main anonyme ajoute
subrepticement au septième commandement, All animals are equal , but some
are more equal than others, tous les
animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres.
Voilà donc
le fond de la pensée de Fillon, détourner de l’argent public c’est l’affaire
des élus et ça ne regarde personne d’autre en somme…
La
réaction des groupies fillonesques et des laquais de l’information pendant et
après la dite conférence de presse…
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