mercredi 8 février 2017

Fillon, ministre de la vérité orwellien et pathétique

Une conférence de presse, ou présumée telle,
pendant laquelle les faits n'ont pas été justifiés
ni expliqués et
le "Ministry of Truth" est entré en action...
Selon Pierre Desproges pour celles et ceux qui n’avaient pas lu tout Sartre, il suffisait de lire un seul numéro de Minute pour avoir à la fois La Nausée et Les Mains Sales.                                                                                De la même manière, on peut dire que la pantalonnade de conférence de presse de François Fillon, hier lundi 6 février 2017, aura permis un rappel de deux ouvrages majeurs de l’universel George Orwell, 1984 et Animal Farm. Ce qui caractérise le roman dystopique 1984 c’est, bien évidemment, la dictature planétaire exercée par le personnage à la fois central et invisible, Big Brother, aux dépens de tous les citoyens de Airstrip One (ex-Grande-Bretagne), province de Oceania et, en particulier de Winston Smith, qui travaille au Ministère de la Vérité, où son travail consiste à altérer les faits historiques pour qu’ils soient en harmonie avec les besoins du Parti, unique bien sûr.
Mais moins que l'absence de liberté.
François Mitterand

L’autre caractéristique de 1984 c’est le langage, qui permet de déformer les faits et la vérité et de maintenir le citoyen lambda dans un état de totale dépendance et, donc, d’ignorance. Tout le monde, spécialistes et lecteurs de George Orwell ou pas, connaît la trilogie oxymorique, War is Peace, Freedom is Slavery, Ignorance is Strength, la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage et l’ignorance c’est la force. 
Or à bien regarder attentivement la conférence de presse surréaliste du candidat de la droite à l’élection présidentielle, on a eu l’impression très nette d’être au cœur du roman d’Orwell mais, surtout, du Newspeak, la novlangue. Les indemnités d’assistante parlementaire de l’épouse de Fillon et de ses enfants ? Une cabale médiatique ! Mais…des explications, des justifications ? Circulez et rapidement, sinon la thoughtcrime, la police de la pensée, va venir s’occuper de vous, comme elle prend Winston Smith et sa petite amie Julia en charge à la fin du roman pour leur montrer le « droit chemin ». Du reste les groupies fillonesques et les laquais de l’information — qui, depuis la tragique disparition de Paul Bismuth du paysage, sentaient attristés qu’il n’y avait plus personne à l’autre bout de la laisse…— se sont aussitôt extasiés  devant le ton et le « courage » de François Fillon, alors qu’il ne cesse de mentir et n’a apporté aucune réponse satisfaisante de fond et que les électrices et les électeurs ne savent toujours pas ce que Pénélope a bien pu faire, pendant toutes ces années, pour mériter un salaire de cadre puisé dans les deniers publics.
Deniers publics qui ont été pillés mais que le candidat envisage « d’assainir » en faisant travailler les fonctionnaires 39 heures payées 37 ! Et comme le ridicule et l’indécence ne tuent toujours pas, le même candidat a rendu un hommage vibrant aux militaires et aux forces de l’ordre qui ont fait l’objet d’une agression au musée du Louvre, alors qu’il envisage de supprimer 500.000 postes ! Rendra-t-il hommage alors à des hologrammes, ce qui est très tendance ? Mais on ne discute pas avec le candidat de la droite, pas plus que l’on s’aviserait de contester Big Brother
D’ailleurs François Fillon a poussé l’arrogance et le culot jusqu’à mettre en cause le parquet financier, transportant, cette fois, le spectateur dans l’univers d’Animal Farm. Dans ce chef-d’œuvre d’imagination, les animaux mènent une révolution à Manor Farm et, paradoxalement, trois cochons sont les meneurs, Snowball, Old Major et Napoleon, qui, au fil du temps, va éliminer les deux autres et toute forme d’opposition et prendre progressivement toutes les habitudes du fermier, Mr. Jones, chassé par la force, jusqu’à boire son whisky et marcher sur les deux pattes arrière. Dès le début de la révolution, une constitution est élaborée en sept commandements : 1) Whatever goes upon two legs is an enemy, 2) What ever goes upon four legs, or has wings is a friend, 3) No animal shall wear clothes, 4) No animal shall sleep in a bed, 5) No animal shall drink alcohol, 6) No animal shall kill any other animal, 7) All animals are equal. C’est ce dernier point qu’affectionne Fillon, puisqu’à la toute fin de l’intrigue (p-114) une main anonyme ajoute subrepticement au septième commandement, All animals are equal , but some are more equal than others, tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres
Voilà donc le fond de la pensée de Fillon, détourner de l’argent public c’est l’affaire des élus et ça ne regarde personne d’autre en somme…

La réaction des groupies fillonesques et des laquais de l’information pendant et après la dite conférence de presse…


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