Il fallait une bonne dose de
culot pour se livrer à pareil exercice et François Fillon en a eu, force
est de le reconnaître. Il fallait aussi que la situation soit sacrément
désespérée pour qu’il finisse par s’y résoudre, et elle l’était. Il aurait
fallu en revanche un miracle pour permettre au candidat de faire toute la lumière,
laver son honneur et repartir en campagne comme si de rien n’était. Las. Le
prodige n’a pas eu lieu. Trop de non-dits, d’évitements et de raccourcis ont plombé la
crédibilité de son propos sur le fond. Quant
à la forme… la contrition attendue s’est vite muée en arrogance débridée,
faisant de lui, au mieux, un candidat boiteux. Au pire, un tartuffe sans
vergogne.
Pousser des
cris d’orfraie et froncer les sourcils ne changera rien à l’essentiel. François Fillon avait lancé sa campagne sous le signe de la probité et de
l’exemplarité ? Les Français ont découvert, ébahis, qu’il n’était qu’un élu peu regardant sur la morale et l’éthique
personnelle lorsqu’il s’agissait de toucher des chèques.
L’argent n’a pas de patrie ;
les financiers n’ont pas de
patriotisme et n’ont pas de décence ;
leur unique objectif est le gain.
Napoléon Bonaparte
Le même Fillon avait
fait de la baisse des dépenses publiques la pierre angulaire de son programme ? La légèreté avec laquelle
il a utilisé l’argent du contribuable pour servir sa famille et la façon dont
il minimise aujourd’hui des sommes en jeu permettent largement de douter de sa
sincérité.
Mais
plus encore, c’est son mode de défense qui jette le trouble. Tout cela était
légal, jure-t-il, et puis d’autres élus que lui le faisaient… Pourquoi diable
alors avoir présenté ses excuses aux Français ? Parce que l’opinion a évolué
sur ces questions, argue-t-il. La belle affaire ! François Fillon ne semble pas
voir le nœud du problème. S’il fait
aujourd’hui amende honorable, ce n’est donc pas parce qu’il juge ces pratiques
dévoyées mais parce que ses concitoyens ne les supportent plus. Rappelons
au passage que cette soudaine prise de conscience ne l’avait pas effleuré lors de
l’adoption de la loi sur la transparence
de la vie publique qu’il a refusé de voter…
Il
appartiendra bien sûr à la justice de se prononcer sur le caractère fictif ou
non des emplois occupés par son épouse et ses enfants, à condition que les
juges parviennent à faire leur travail et à démêler le faux du vrai. En
attendant, François
Fillon peut bien tenter de rassembler derrière lui sa famille
politique à coups de trique et se soustraire à ce qu’il appelle "le
tribunal médiatique", il n’échappera pas aux questions de bon sens. Ni au
jugement des Français.
Matthieu Croissandeau
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